Discours du 27/05/2015 - Commémoration de la journée de la Résistance à Trignac - Véronique MAHE (section PCF Brière)
Ci-dessous, le discours que j'ai prononcé le 27/05/2015 lors de la commémoration de la journée de la Résistance à Trignac. La section PCF Brière a souhaité rendre hommage à toutes et tous les résistants, toutes celles et ceux qui ont combattu dans l'ombre pour notre liberté, pour défendre les valeurs de progrès.
"Mesdames, Messieurs les représentants du Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Nantes et de Châteaubriant et de la Résistance en Loire Inférieure,
Mesdames et Messieurs les élus,
Chers amis, chers camarades,
Le 27 mai est la journée nationale de la Résistance car date anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance et de l’unification de la Résistance. Cette année, elle prend un relief tout particulier parce qu’il y a 70 ans, le 8 mai 1945, la France et l’Europe étaient libérées du nazisme et de la collaboration. Cette libération par les Alliés avait tellement été attendue, libération qui conjugue l’effort militaire et la mobilisation de l’ensemble des résistants de l’extérieur et de l’intérieur.
En 1940, la «drôle de guerre » avait pris des allures de débâcle et le gouvernement français devint franchement collaborationniste. Mais, en face, des hommes et des femmes décident de ne pas se soumettre et de refuser les injonctions de l’Etat français. Ils vont se lever, s’organiser et reprendre le combat pour la liberté, abandonné par le gouvernement de Vichy. Cette résistance va s’incarner.
A Londres, le 18 juin 1940, le général De Gaulle lance son appel demandant aux militaires et aux Français hors de France de le rejoindre.
Le 10 juillet 1940, Maurice Thorez et Jacques Duclos appellent à constituer le Front de la liberté et de la renaissance pour la France. Je cite : »La France veut vivre libre et indépendante, jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ».
Dans le pays, des hommes et des femmes s’organisent dans la clandestinité. Ils sont Français ou pas, ils sont engagés en politique, souvent au sein du Parti Communiste Français, mais viennent aussi d’autres horizons. Ils sont syndicalistes, cheminots, ouvriers, fonctionnaires ou paysans. Ce sont également de braves gens risquant leur peau pour des gestes simples en ouvrant une porte, en portant une valise, en hébergeant un enfant juif. Ces femmes et ces hommes qui nous laissent un message : « Nous n’avions pas de vanité, nous avons fait notre devoir, c’est tout. »
Ils sont quelques uns prêts à tout risquer pour dire non à l’inacceptable, pour faire vivre l’espoir d’une libération qui semble alors hors du possible. Souvent au péril de leur vie, malgré la prison, la torture et la déportation, ils vont résister et finalement triompher.
Résister, c’est aussi progresser. Tout en luttant contre l’occupant nazi et les collaborateurs français, la Résistance mettait en place la base du progrès social. Le 27 mai 1043, réunis autour de Jean Moulin, les représentants des 8 grands mouvements de la Résistance posaient les bases de ce qui deviendra le programme du CNR, « Les jours heureux ». Sécurité sociale, nationalisation du gaz et de l’électricité, statut de la fonction publique, droit de vote des femmes, ce programme avait pour ambition de conforter l’existence d’une nation solidaire.
Cette journée est marquée par l’entrée au panthéon de 4 héros de la Résistance : Geneviève Anthonioz-De Gaulle, Germaine Tillon, Pierre Brossolette et Jean Zay. François Hollande a pris soin de rassembler toutes les familles politiques de la Résistance (gaulliste, socialiste, radicale et sans parti) sauf une : les communistes. Pourtant leur résistance a été essentielle.
Marie-Claude Vaillant-Couturier : grande animatrice de la Résistance, déportée à Auschwitz et Ravensbrück, grand témoin au procès de Nuremberg, deux fois vice-présidente de l’Assemblée Nationale.
Danièle Casanova : résistante, fondatrice des Comités féminins en Ile de France, déportée à Auschwitz où elle décéda le 9 mai 1043.
Missak Manouchian : résistant, responsable des FTP-MOI, arrêté le 16/11/1943, torturé, fusillé au Mont Valérien le 21/02/1944.
Henri Rol-Tanguy, Martha Desrumeaux, Guy Môquet et ses camarades de Chateaubriant et tant d’autres…
S’il ya une explication à chercher dans le refus du Président de la République de panthéoniser des résistantes et résistants communistes, peut-être faut-il la chercher dans la volonté d’en finir avec l’esprit de 1945, esprit d’unité bien sûr mais surtout esprit de réformes progressistes. Aujourd’hui, il n’en est plus question. Le mot réforme a été vidé de son contenu et est devenu synonyme de régression sociale. Les communistes dans la résistance ont out fait pour unir quelle que soient les différences politiques et les trajectoires.
Aujourd’hui, à la différence de François Hollande, nous ne faisons pas de tri, nous commémorons toute la Résistance et tous les résistants, nous rendons hommage à toutes ces personnes qui se sont battues pour la liberté, pour la démocratie, pour nos droits.
Nous avons aussi le devoir d’œuvrer ensemble pour empêcher le retour des idéologies racistes, qui partout en Europe et comme dans les années 30, resurgissent sur fond de crise, porteuses des mêmes dangers et mêmes risques pour l’Humanité.
Aujourd’hui, dans la situation de crise politique et sociale, nous voulons agir et unir sur un contenu progressiste avec nos partenaires du FDG, avec toutes les forces de gauche, sociales, syndicales, qui le souhaitent pour une nouvelle perspective et construire de larges rassemblements progressistes.
Je souhaite terminer par une citation de René Guy Cadou dans « Les Fusillés de Châteaubriant » : « Et leur seul regret est que ceux qui vont les tuer n’entendent pas le bruit énorme de leurs paroles ».
Je vous remercie de votre attention.