27 Mai 2020 : Journée nationale de la Résistance - Intervention devant le monument aux morts de Trignac
La Fédération PCF de Loire-Atlantique et le Comité du Souvenir ont rendu hommage mercredi dernier à la Résistance et à la naissance du programme du Conseil National de la Résistance "Les Jours Heureux"
Vous trouverez ci-dessous l'intervention que j'ai faite à cette occasion :
"Ce 27 mai, journée nationale de la Résistance, célèbre la création du Conseil National de la Résistance. Né en 1943, en pleine guerre, il réunit huit mouvements de Résistance, six partis politiques et deux centrales syndicales.
Cette journée rend hommage, aussi, à toutes celles et ceux qui ont combattu et à celles et ceux morts durant cette guerre. Dans la froideur des chiffres, entre 50 à 70 millions de personnes sont mortes, soit plus de 2% de la population mondiale, selon l'estimation la plus répandue.
Le paroxysme de la barbarie est atteint quand tuer l'ennemi ne suffit plus. Il faut l'exterminer, le rayer de la carte, au nom d'une insupportable théorie de la race supérieure et de la préférence nationale. Dans les camps de la mort du régime nazi, l'horreur se répand sans limites, au service d'une obsession démente : l'anéantissement des juifs d'Europe.
La haine de l'autre, le refus de la différence nourrissent une bête immonde jamais rassasiée. Parce qu'ils sont juifs, tziganes, communistes, syndicalistes, socialistes, résistants, homosexuels ou handicapés, des hommes, des femmes, des enfants font figure de parasites à éliminer.
C'est face à cette idéologie délirante qu'une certaine France va se lever.
Une France courageuse et déterminée, qui dit « non » à l'envahisseur et « oui » à la Liberté. Le 18 juin 1940, alors qu’une partie de notre pays est occupée par les Allemands, le Général de Gaulle lance depuis la BBC son appel à la Résistance.
La veille, à Draguignan, Charles Tillon, membre de la direction du PCF, lançait lui aussi son appel au « peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, les commerçants, les artisans, les intellectuels, les soldats, les marins, les aviateurs encore sous les armes à s'unir dans l'action ».
La Résistance, née du plus profond des peuples, joua un rôle déterminant dans maints pays occupés, des montagnes de la Yougoslavie aux maquis du Limousin. C’est à eux qu’il nous faut penser aujourd’hui. Levés pour refuser l’inacceptable, ils combattirent le fascisme au péril de leur vie, de celle de leurs proches.
Cette résistance anti fascistes en France, fut une résistance populaire qui a rassemblé : gaullistes, communistes, socialistes, démocrates et républicains, croyants et non croyants, avec l’idéal de libérer notre pays du joug des nazis et des collaborateurs de Vichy, de l’extrême droite, mais aussi avec le même idéal de créer avec le Conseil National de la Résistance et son programme des Jours Heureux, une France progressiste, laïque, démocratique et sociale.
Parmi eux les combattants d’origine étrangère de la FTP/MOI, comme ceux de l’affiche rouge, fidèles à la France pays d’accueil, de tolérance et de liberté, avec les Républicains espagnols, le groupe de Jean de NEYMAN auprès du groupe TANCHOU sur la Presqu’ile guérandaise, qui ont lutté jusqu’au sacrifice de leur vie, comme les 50 otages de Châteaubriant, de Nantes et du Mont Valérien.
Ils sont l’orgueil de notre peuple qui ne plie pas devant l’abominable.
Ce 27 mai 2020, nous voulons célébrer la naissance du Conseil National de la Résistance et l’incroyable défi que se sont fixés des hommes et des femmes d’imaginer la France dans laquelle ils rêvaient de vivre pour restaurer la République des Lumières.
Deux ans après, dans une France en ruine, un gouvernement réunissant des ministres gaullistes, de la SFIO et du PCF, reconstruisent le pays en faisant le choix de mettre en œuvre des avancées sociales, économiques et politiques majeures, complétant les conquêtes, quelques années plus tôt, du Front populaire : les femmes votent pour la première fois le 29 août 1945, la Sécurité sociale est inventée et mise en place, tout comme notre système de retraite par répartition, le gouvernement nationalise les Houillères, Renault, les banques de dépôt et la Banque de France, l’électricité et le rail. Le droit à l'éducation et à la culture pour tous est instauré.
Cette actualité de la Résistance est tellement vivante aujourd’hui. A l’heure où tout le monde s’interroge sur les moyens de reconstruire nos pays, mis à l’arrêt par la pandémie.
Car cette pandémie que nous continuons d’affronter, dans toute sa brutalité, met elle aussi au cœur du débat le choix de société dans lequel nous voulons vivre, en portant l’exigence de traiter en profondeur les racines du mal.
Elle révèle au grand jour les conséquences de ce modèle économique sur nos vies; un modèle dédié à la finance qui a misé sur la course au profit, l’exploitation des êtres humains, des ressources naturelles, choisissant d’affaiblir le rôle des États et de ses services publics.
Aujourd’hui, il faut construire une autre société ou l’être humain sera le centre d’intérêt, une société qu’appelle chaque jour davantage notre peuple, sociale, démocratique et écologique. Cette construction appelle au rassemblement de toutes les forces politiques, démocratiques et syndicales qui en feront ce choix."
Véronique MAHE
27 mai 2020