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Le blog de Véronique Mahé

80ème anniversaire hommage aux fusillés de Châteaubriant - Allocution de Léon Desffontaines, secrétaire national des Jeunesses Communistes

21 Octobre 2021, 16:11pm

Publié par Véronique Mahé

80ème anniversaire hommage aux fusillés de Châteaubriant - Allocution de Léon Desffontaines, secrétaire national des Jeunesses Communistes

"Mesdames, Messieurs, cher.es ami.es, cher.es camarades, Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,

Ce n'est pas sans une certaine émotion que je me présente devant vous aujourd'hui pour rendre hommage à des héros, des défenseurs de la liberté, des combattants pour la justice. Il y a 80 ans, des femmes et des hommes, de toute la France se sont levés, sont entrés en Résistance contre ce que l'Humanité a fait de plus horrible. Aujourd'hui, nous leur rendons hommage, aujourd'hui nous nous souvenons.

On se demande souvent qui sont ces femmes et ces hommes derrière le nom de nos rues et de nos boulevards. Nous allons parler aujourd'hui d'ouvriers, de cheminots, de jeunes, de travailleurs qui se sont tous engagés pour un idéal. Celui d'un monde libéré de toute forme de domination et d'exploitation. Des travailleurs morts pour la France.

Nous leur devons tout, notre liberté, nos joies, nos loisirs, nos jeux et nos espoirs. Ces femmes et ces hommes ont au péril de leur vie, pris part à une lutte de plusieurs années, mais une lutte du quotidien pour combattre la barbarie nazie.

Ils s'étaient engagés en 36 dans le Front Populaire et avaient participé aux grèves qui nous ont permis d'obtenir le droit aux vacances et une augmentation des salaires.

Puis, les rires et les cris de joie du Front Populaire ont laissé place aux heures sombres de l'occupation. 

Très vite le Parti Communiste et les jeunes communistes furent interdits et les militants traqués. Les conquis de 36 sont très vite effacés par le régime collaborationniste. 

Suivis, espionnés par les policiers du régime de Vichy, les communistes sont arrêtés. Leur crime ? Refuser de vivre à genoux et avoir redonné espoir au peuple de France à l'heure où il n'y en avait plus.

Mais l'arbitraire du régime ne s'est pas arrêté aux arrestations !

Le 22 octobre, le soleil était au zénith, dans le froid et le silence de la ville de Châteaubriant, un fourgon traverse la ville, et alors des voix résonnent au milieu des rues. Une intonation connue de tous, mais devenue interdite. A voix déployée, la tête haute face à la mort, les 27 de Châteaubriant chantent la Marseillaise. Une voix, un chant, un espoir que ni les murs de la prison, ni les coups de fusil n'auront réussi à faire taire.

Il est 16 heures, Guy Môquet, 17 ans, militant du bonheur, tombe aux côtés de ses camarades.

Assassiné pour son idéal, pour son engagement. Assassiné il y a 80 ans par ce que l'humain a fait de plus horrible. J'ai bien dit l'humain. Car bien qu'ils avaient perdu toute humanité, ce sont des hommes qui ont été responsables de cette barbarie. Il faut le nommer, la bête immonde est d'autant plus immonde que celle-ci a été une création humaine. Rappelons-nous que le nazisme, le fascisme, l'extrême-droite se nourrissent du désespoir, de la peur et des mensonges car si nous ne nous souvenons pas, si nous ne nous rappelons pas et que nous baissons la garde, la bête tapie dans l'ombre peut revenir à tout moment.

En apprenant la nouvelle de leurs assassinats, des milliers de Françaises et  Français ont fait le choix d'entrer en résistance. Ils ont récupéré le flambeau laissé par Guy Môquet et les 27 de Châteaubriant. La Marseillaise chantée à été reprise à plusieurs voix. Leur idéal, leurs luttes, le combat de leurs vies a été reprise par des milliers d'hommes et de femmes.

Ils ont voulu enterrer leur idéal, notre idéal, ils ont fait germer le début de leur chute.

Dans l'obscurité est née une lueur d'espoir. Au sein même de la Résistance, des voix s'élèvent et s'organisent pour construire la société d'après, celle des Jours Heureux.

Alors, privés de liberté, les communistes se mettent à rêver ! A rêver de la société idéale. Et de ses rêves en sont sortis des contributions, puis un programme. Le programme du conseil national de la Résistance, le programme des Jours Heureux. La force du nombre a finalement fait plier la barbarie nazie. Et les communistes victorieux ont fait de ce programme politique une réalité.

Le programme des Jours Heureux nous laissent un espoir mis en chantier. Continuons le, achevons ce travail.

Guy Môquet, dans sa dernière lettre, il disait : "Vous qui restez, soyez dignes de nous".

Soyons dignes d'eux de ces résistants et de ces militants du bonheur. Barrons la route aux forces réactionnaires, ne lâchons aucun terrain à l'extrême-droite. Partout où ils seront, soyons présents et mettons en travers de leur chemin.

Mais surtout, soyons dignes d'eux en redonnant espoir en la politique aux nouvelles générations, l'espoir que l'engagement politique peut changer notre quotidien. C'est la meilleure réponse à apporter aux faiseurs de haines. Occupons la place, ne les laissons pas entrer ni dans nos quartiers, ni dans nos hémicycles. Aux mensonges et à la haine, opposons leur la solidarité et la fraternité.

Face à la réaction et à l'extrême-droite, soyons les militantes et les militants de l'espoir et du bonheur. Et libérons la France et l'Humanité toute entière de toute forme d'exploitation.

Ré-enchanter l'engagement, ré-enchanter la politique , voilà notre défi de militant, voilà notre défi, voilà le défi des Jours Heureux"

Léon Desffontaines

Châteaubriant, le 17 octobre 2021

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