Intervention sur le travail saisonnier - Session plénière Conseil Régional Pays de la Loire ( 23 juin 2022
Véronique Mahé - Travailleurs saisonniers, freins à l'emploi : la Région doit agir
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Vous trouverez ci-dessous mon intervention sur la réalité du travail saisonnier, enjeu économique majeur pour notre région. Notre groupe "Le Printemps de la Loire" est force de propositions
"Madame la Présidente, cher.es collègues,
Lors de notre commission sectorielle, nous avons abordé la question du travail saisonnier qui constitue un enjeu économique majeur pour l’ensemble de notre territoire, notre région faisant partie des cinq régions embauchant le plus de saisonniers pour faire face à un surcroît d’activité temporaire.
Permettez-moi d’y revenir cet après-midi, l’industrie du tourisme, qui représente une manne financière, ayant largement recours à cette forme de travail.
Au-delà de cette considération, c’est une grande partie du territoire qui serait un désert économique et social, sans la vitalité de ces salariés qui offrent leur disponibilité et apportent leurs compétences dans des secteurs où ils sont indispensables. J’ajoute que, bien souvent, ces salariés permettent de valoriser le patrimoine de nos régions et de préserver nombre de nos savoir-faire traditionnels.
Le travail saisonnier recouvre une grande diversité. La précarisation de la société a fait évoluer la « physionomie » du saisonnier. Dorénavant, sont saisonniers non seulement des jeunes souhaitant financer leurs études ou, tout simplement, subvenir à leurs besoins, mais aussi des retraités, poussés par la nécessité de compléter leurs pensions, des seniors licenciés juste avant la retraite, des femmes exclues du marché de l’emploi et encore des travailleurs migrants.
Dans un contexte économique où de plus en plus de familles rencontrent des difficultés pour répondre à leurs besoins élémentaires, les conditions de travail des salariés se dégradent et leurs moyens pour se défendre se réduisent.
S’il en va ainsi pour l’ensemble du salariat, ce constat est encore accentué pour les saisonniers.
J’y ajouterai les conséquences de la réforme de l’assurance-chômage qui impacte directement ce secteur avec une baisse drastique de l'indemnité chômage de ces personnes qui cumulent les contrats courts, sans forcément les enchaîner.
Cependant, la pénibilité du travail n'explique pas à elle seule la pénurie de candidats. Leur précarité est également sociale, avec des conditions de vie fortement dégradées en raison notamment de problèmes de logement, de transport, de santé.
La difficulté rencontrée par nombre d’entre eux pour accéder à un logement décent résulte un marché local qui affiche complet et où il devient impossible de se loger à un prix raisonnable. Sans oublier les conditions de caution et de préavis exigées par les bailleurs privés qui constituent autant de barrières infranchissables.
Les problèmes de garde d’enfants constituent également un obstacle majeur pour les jeunes parents, les horaires de travail et leur amplitude sont souvent incompatibles avec les plages d’ouverture des structures dédiées à ce service.
Pour faire face à ces difficultés de recrutement, il n’existe pas de dispositif à l’échelle de la région ou des départements, seulement des initiatives isolées de collectivités locales. A l’image de celle lancée en partenariat avec Presqu’île Habitat, en direction de la population bauloise pour l’inciter à la location d’une chambre ou d’un appartement.
En tant que défenseurs de l’emploi dans nos territoires, nous devons tout faire pour la sécurisation des parcours professionnels, l'amélioration des conditions de travail, l'aide à l'insertion.
Si nous souhaitons être efficaces, il est indispensable de jouer simultanément sur les leviers du logement, du transport, en mobilisant l’ensemble des institutionnels et les employeurs.
Les régions Bretagne et Occitanie lancent cette année à titre d’expérimentation l’ouverture des internats des lycées aux saisonniers. Il serait opportun, voire judicieux pour notre région d’en faire autant et d’ajouter à cette possibilité, celles de prioriser les logements sociaux, réhabiliter des logements qui seraient réservés aux saisonniers, réserver des chambres d’hôtel pour les proposer aux saisonniers avec des tarifs sociaux, créer des Maisons des saisonniers afin de les accueillir, les informer de leurs droits, les orienter pour une installation facilitée ou encore mettre en place une aide à la mobilité domicile-travail.
Alors, Madame la Présidente, nous le redisons, vos 5 mesures d’affichage qui figuraient dans le plan de mobilisation pour l’emploi du mois d’octobre dernier sont bien insuffisantes. Qu’avez-vous fait depuis ? Rien. Nous vous invitons à regarder à nouveau, si vous ne l’avez pas déjà fait le rapport du CESER suite à la Saisine régionale sur l’emploi / Métiers en tension. Il faut que vous agissiez notamment sur les freins périphériques à l’emploi.
Vous nous avez parlé ce matin d’audace, d’imagination, de courage, alors, avec les propositions que nous venons de vous soumettre, passons à l’action."