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Le blog de Véronique Mahé

Se souvenir

14 Mars 2012, 22:05pm

Publié par veronique mahe

DSCF0925Excellent reportage ce soir sur France 3 : "Dénoncer sous l'occupation". Je l'ai regardé avec une certaine appréhension, le souvenir de la journée passée à Auschwitz la semaine dernière avec 140 jeunes de la Région Pays de la Loire étant encore très vif. Comme disait un lycéen : "Il y en a qui disent que ça n'a pas existé, et bien on y est !". Impossible d'imaginer une telle barbarie, quel homme peut sciemment planifier une telle horreur ? Peut-on imaginer que sur les millions de déportés, 10% seulement étaient sélectionnés pour le travail, les autres étaient exterminés dans les 2 heures qui suivaient leur arrivée à Auschwitz ? Ginette KOLINKA, rescapée de ce camp, nous accompagnait et son témoignage était encore plus poignant dans ce lieu où elle a tant souffert. Cette femme est une ode à la vie, dynamique, pleine d'humour et nous délivrant ce message : "j'ai rayé le mot haine de mon vocabulaire car la haine de l'autre conduit à ces choses abominables".

Ci-dessous, l'intervention que j'ai faite devant le mémorial de la Shoah aux côtés de Mme KOLINKA :

"Se souvenir, pour rendre hommage aux victimes : des millions de Juifs, des résistants, des communistes, des tziganes, des homosexuels ont été victimes de la pire barbarie que l’on puisse imaginer. Oui, se souvenir  par respect pour tous ceux dont la vie bascula dans l’horreur et aussi pour se prémunir de la haine de l’autre qui mène au pire !A l’heure où certains réaffirment que l’holocauste et les camps sont des affabulations et n’ont jamais existés, une chose est sûre, il est impératif de transmettre l’expérience des rescapés et de faire vivre la mémoire de la déportation et de la Shoah.

Pendant notre visite, ma première pensée a été  qu’il fallait mieux mourir tout de suite, et la seconde, immédiatement après, que survivre un jour ici était déjà un acte de résistance. Madame, vous nous parliez de peur, de lâcheté mais au contraire que de courage et d’espérance, il a fallu pour avoir  la force de tenir et pouvoir témoigner du calvaire vécu par ces millions d’êtres humains.

Permettez-moi de citer ici Charlotte Delbo. Elle faisait partie des 230 femmes du convoi du 29 janvier 43, seules 49 d’entre elles sont revenues de l’enfer. Dans son poème « Prière aux vivants pour leur pardonner d’être vivants » elle écrit :

« Je vous en supplie, faites quelque chose

Apprenez un pas, une danse, quelque chose qui vous justifie,

Qui vous donne le droit d’être habillé de votre peau, de votre poil,

Apprenez à marcher et à rire,

Parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts

Et que vous  viviez sans rien faire de votre vie »

Ces quelques mots confirment que le devoir de mémoire est une exigence envers les victimes mais également envers les générations futures. C’est tout le sens de l’action éducative financée par la Région en coopération avec le Mémorial de la Shoah et le rectorat. Merci à vous d’être là, la Région a confiance en sa jeunesse, elle a confiance en vous."

 

 

 

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