Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Véronique Mahé

La loi Veil, qui a légalisé et sécurisé l’avortement, a 50 ans - Communiqué du PCF - 14/01/2025

14 Janvier 2025, 22:00pm

Publié par Véronique Mahé

La loi Veil, qui a légalisé et sécurisé l’avortement, a 50 ans - Communiqué du PCF - 14/01/2025

   

« Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours ». Ces mots de Simone Veil, magistrate devenue ministre de la santé de Valéry Giscard d’Estaing, ont été prononcés à la tribune de l’Assemblée nationale le 26 novembre 1974. L’Assemblée ne compte alors que 13 femmes députées.

La loi est votée le 29 novembre 1974 grâce au soutien des députés de gauche, en particulier du groupe communiste, tandis que la droite, divisée, vote aux deux tiers contre le texte. Promulguée le 17 janvier 1975, elle consacre le droit de recourir à l’interruption volontaire de grossesse.

Cette conquête n’est pas l’œuvre d’une seule femme. Des luttes pour les droits des femmes (menés par le MLF, le MLAC, l’UFF), la loi Neuwirth de 1967 sur le droit à la contraception, le procès de Bobigny… ont contribué à l’évolution des mentalités.

Mon corps, mon choix

On avorte depuis la nuit des temps, quels que soient les risques, parce qu’être enceinte contre son gré est toujours synonyme de désespoir. Choisir ou non de donner naissance à un enfant, choisir quand et avec qui, doivent être garantis à toutes les femmes pour les laisser véritablement libres d’écrire leur vie. C’est pourquoi le droit à l’avortement et le droit à la contraception sont des pierres angulaires du combat féministe.

La légalisation de l’avortement a donc consisté à reconnaître ce droit des femmes à disposer de leur corps et de faire de l’IVG un acte sûr. Le retentissement symbolique de cette loi est très fort : elle porte en elle que les femmes ne sont pas vouées à procréer. Les femmes ne sont pas des êtres mineurs mais bien des citoyennes. Personne d’autre n’est légitime à décider ce qu’elles doivent faire de leur corps.

La répression de l’avortement et de la contraception est justifiée par les besoins économiques, les ambitions guerrières des États : les violences sexistes et sexuelles font partie intégrante du système de production capitaliste. Et les droits des femmes sont parmi les premiers à être attaqués par les régimes réactionnaires mais aussi, plus insidieusement, par les régimes néolibéraux qui s’attaquent systématiquement aux services publics.

50 ans après, un droit fragilisé par des conditions d’accès fortement dégradées

La « liberté » de recourir à l’IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024 mais quid des moyens alloués à la santé publique pour garantir son effectivité ? En dix ans, plus de 130 centres d’IVG et 45 établissements hospitaliers la pratiquant ont été fermés. Sans compter les praticiens qui refusent de la pratiquer. La clochardisation organisée de l’hôpital public creuse ainsi les inégalités territoriales d’accès aux soins et rompt la promesse républicaine d’égalité de toutes et tous devant la loi.

L’accès à l’IVG est également contraint par le marché libéralisé des médicaments. Aujourd’hui, la France dépend d’un seul laboratoire privé pour la fourniture de comprimés abortifs, exposant les femmes à des risques de pénurie et de variations de prix, qui sont des facteurs de fragilisation de la continuité de l’offre sur le territoire.

Un combat d’actualité pour toutes les femmes du monde

Jacqueline Chonavel, vice-présidente communiste de l’Assemblée nationale en 1975, se souvient du sentiment de libération qu’a suscité l’adoption de la loi Veil : « les femmes n’avaient plus à subir des grossesses non désirées. Cette victoire a marqué toute une génération, elle représentait un pas vers l’égalité, dans un moment de bataille pour l’émancipation. Cette bataille doit être poursuivie : un droit n’est jamais acquis pour toujours. »

À l’heure où certains, outre-Atlantique, clament « your body, my choice » (« ton corps, mon choix »), il est évident que les conquêtes féministes sont fragiles, en particulier le droit de recourir à l’IVG. En Europe et en France, ces attaques existent aussi : le gouvernement de François Bayrou compte en effet des opposants à l’avortement.

C’est dans ce contexte sombre que nous célébrons l’anniversaire de la loi Veil. Il ne doit pas être une simple commémoration mais un moment d’impulsion de nouvelles conquêtes pour les femmes : restauration de la Sécurité sociale, financement de l’hôpital public partout sur le territoire, souveraineté de l’approvisionnement grâce à un pôle public du médicament, formation de professionnels de santé en nombre suffisant…

Quand les droits des femmes progressent, ceux de toute la société progressent en même temps. Fidèles à notre tradition internationaliste, nous savons aussi qu’aucune femme ne sera pleinement libre tant que d’autres seront persécutées pour avoir tenté de l’être."

Parti communiste français
14 janvier 2025

   

Commenter cet article