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Le blog de Véronique Mahé

ASSISES DU PCF POUR LA PROTECTION DE L'ENFANCE - Introduction par Véronique SANCHEZ-VOIR

16 Juin 2025, 12:31pm

Publié par Véronique Mahé

ASSISES DU PCF POUR LA PROTECTION DE L'ENFANCE - Introduction par Véronique SANCHEZ-VOIR

"Bonjour à toutes et tous

Mesdames, messieurs les parlementaires, Madame la vice présidente déléguée à l’enfance famille, mesdames, messieurs les présidents et représentant d’association, mesdames et messieurs les travailleurs sociaux et les professionnels de l’enfance, mesdames et messieurs les représentants syndicaux, mesdames messieurs,chers amis chers camarades.

C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai le plaisir et l’honneur, de vous souhaiter la bienvenue dans cet espace Niemeyer, pour la tenue des premières assises du PCF de la protection de l’enfance.

« Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants mais peu d’entre elles s’en souviennent » dit le petit prince. Cette phrase nous rappelle avec finesse que derrière chaque adulte se cache une histoire d’enfance, avec ses fragilités, ses rêves, ses blessures parfois.

Si l’enfance est proclamée grande « cause nationale », force est de constater que  bon nombre d’enfants sont maltraités par les défaillances de l’Etat.

En tant que responsable politique, ma vision est claire : la protection de l’enfance est un marqueur de justice sociale. C’est un combat politique et pas une variable d’ajustement budgétaire.

Depuis des années, les gouvernements successifs ont abandonné la politique de la protection de l’enfance à la seule responsabilité des départements, sans stratégie nationale à la hauteur des enjeux et surtout sans moyens suffisants.

Les résultats, nous les connaissons, les départements étranglés, des services d’aide sociale à l’enfance sous - dotés, des enfants à l’hôtel quand ce n’est pas à la rue, des jeunes majeurs livrés à eux-mêmes, un accompagnement à la parentalité insuffisant, la parole de l’enfant qui a besoin d’être crue et entendue et enfin, des professionnels à bout de souffle mais qui pourtant sont les derniers remparts contre l’effondrement d’un système.

Que ce soit le procès de Châteauroux, l’affaire Betharram, le procès Le Scorniec, les prénoms Lily, Ayden, longue liste de prénoms d’enfants décédés ayant été confiés à l’ASE, derrière chaque fait divers, il y a un fait social.

La précarité croissante, les violences intra-familiales, la prostitution des mineurs, les troubles psychiques, sont des symptômes d’une société qui perd tout ses repères.

Ces symptômes nous obligent à un sursaut, et ce sursaut ne viendra pas d’une simple réforme technique.

Ce sursaut doit être porté, et c’est tout le sens de mon propos par une rupture politique.

Nous devons sortir la protection de l’enfance du discours émotionnel, compassionnel, et le repolitiser.

Derrière chaque Information Préoccupante, derrière chaque Signalement au Procureur, il y a une violence sociale.

Notre devoir, en tant que citoyens engagés, c’est de dire haut et fort que l’enfance n’est ni une variable d’ajustement budgétaire ni un terrain de jeu pour les starts-up du social, c’est un bien commun.

Mais je vais aller au delà, parce que je ne suis pas qu’une citoyenne engagée.

Je suis assistante sociale, je suis syndiquée et je suis une militante au Parti communiste français.

Et c’est à ce titre que je vais surtout vous dire que la protection de l’enfance est un combat de classe, et un enjeu politique majeur en lien direct avec la crise systémique du capitalisme.

Cette crise globale, structurelle du capitalisme lui-même se traduit à travers 3 phénomènes majeurs.

D’abord la précarisation des familles et leur stigmatisation, et ensuite l’austérité budgétaire imposée aux services publics au nom de la dette et de la compétitivité.

De la conséquence de ces deux phénomènes découle bien évidemment la marchandisation du social.

La protection de l’enfance devient un marché : des structures privées facturent des milliers d’euros pour des prises en charge low cost.

Voilà la réalité.

Ce n’est pas un dysfonctionnement : c’est le fonctionnement du capital.

Et pour illustrer mon propos, je voudrais partager avec vous quelques chiffres :

Faute de places disponibles, 3 000 enfants en danger dont un juge a ordonné le placement sont contraints de rester dans leur famille. Selon le syndicat de la magistrature, 77% des juges renoncent « régulièrement » ou « parfois » à placer un enfant en raison d’un manque de place ou de structure adaptée, quand 70% estiment ne pas être en mesure de rendre une justice de qualité.

Un sans-abri sur 4 de moins de 25 ans a côtoyé l’ASE à un moment de sa vie.

3 chiffres à retenir :

400 000

38 milliards

20

400 000 c’est le nombre d’enfants en danger en France

38 milliards, c’est le coût économique annuel des violences faites aux enfants

20, c’est le nombre d’années d’espérance de vie en moins  des jeunes de l’ASE.

La contribution de l’Etat représente 3% seulement des 10 milliards dépensés annuellement par les départements.

Un Etat absent, une implication variable des départements, le résultat concret est une inégalité territoriale. Cette inégalité est encore plus dramatique pour les départements d’outre mer.

L’Etat ne répond pas au principe d’égalité républicaine.

A cela s’ajoute celui de ne même pas avoir de ministère dédié.

Sarah El Haïri hier, secrétaire d’état déléguée à l’enfance, avec les résultats médiocres que nous lui connaissons est aujourd’hui nommée Haut-commissaire, qui n’est, je le rappelle, qu’une instance consultative.

Depuis deux ans, les alertes se succèdent, et non des moindres, de l’initiative des 24 présidents de Conseils Départementaux, l’Association des Départements de France, du Conseil National de protection de l’enfance, l’association des magistrats de la jeunesse, l’ANDASS, et plus récemment le Conseil Economique Social et Environnemental et la Défenseure des Droits.

Le 8 avril dernier, Isabelle Santiago, députée PS du Val de Marne, Vice-Présidente de’ la Délégation parlementaire des Droits de l’enfant a publié le rapport parlementaire sur les manquements des politiques publiques de la protection de l’enfance : ce rapport formule 92 propositions pour refonder le système de protection de l’enfance. Je remercie chaleureusement Isabelle Santiago pour sa présence aujourd’hui et pour son engagement sans faille dans cette cause qui nous est commune.

C’est dans ce contexte que Fabien Roussel a souhaité que nous organisions les Assises du Parti communiste français de la protection de l’enfance, et je le remercie très sincèrement de m’avoir accordé sa confiance .Aujourd’hui, nous allons mettre en débat les 10 premières propositions du Parti communiste français concernant la protection de l’enfance. Grâce aux interventions de nos grands témoins, aux expressions des intervenants des tables rondes et les échanges avec vous l’objectif de cette journée sera atteint en co-construisant un programme à la hauteur des enjeux.

Avec l’ambition d’aller encore plus loin. Les Assises sont une étape, elles s’inscriront dans un Plan Petite Enfance, Enfance et Jeunesse, Plan qui s’inscrira dans un programme ultérieur, co-élaboré avec celles et ceux qui veulent une autre société, d’autres paradigmes pour des jours heureux.

Il s’agit de refonder le pacte social autour de notre responsabilité à leur égard en construisant un véritable grand service public de la protection de l’enfance.

Il s’agit enfin d’élever la protection des enfants au rang de devoir constitutionnel pour garantir les droits fondamentaux des enfants.

L’inscription de la protection de l’enfance dans la Constitution garantirait une obligation d’action et de résultats, protègerait les budgets dédiés et renforcerait le contrôle des engagements de l’Etat et des collectivités.

La responsable de la commission protection de l’enfance que je suis a la conviction que la protection de l’enfance est un acte de résistance politique qui répond à un combat de classe.

Les enfants ne sont pas un «  public-cibles », mais des citoyens en devenir.

Leur protection est un devoir collectif, urgent, un acte de résistance face à l’inaction, une affirmation de la république sociale que nous défendons.

Le projet politique que je porte est un projet de rupture, d’égalité et de dignité.

Je ne parle pas de replâtrage mais d’une refondation d’un pacte social.

Je ne parle pas de demi-mesures mais d’engagements.

Je ne parle pas de gestion, mais d’une ambition, celle qui engage notre vision du monde, notre rapport à l’Humain et notre capacité à faire société.

Protéger un enfant, ce n’est pas seulement le sortir du danger, c’est lui offrir un avenir, c’est reconstruire la confiance, c’est soutenir les parents quand c’est possible et c’est surtout garantir sa place dans la société.

« J’ai appris,  dit le petit prince que le monde est le miroir de mon âme »

Je vous remercie pour votre écoute, je nous souhaite de bon travaux et je laisse la  parole à Isabelle Santiago."

Véronique SANCHEZ-VOIR, responsable nationale de la Commission Protection de l'Enfance PCF

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