Hommage à la Résistance – Trignac 27 mai 2014

Ci-dessous, le discours de Guy Texier au nom du Comité du Souvenir. Ce 27 mai à Trignac, nous étions plus d'une trentaine à rendre hommage aux résistantes et résistants à l'occupation nazie et à la collaboration de Vichy.

"~~Chers amis, chers camarades, Il aura donc fallu attendre 71 ans pour que la France officielle décide enfin que le 27 mai sera désormais «la journée nationale de la Résistance » en hommage à tous ceux et toutes celles, connus ou inconnus, ont refusé l’asservissement en s’engageant dans le combat et pour beaucoup de nos camarades dès 1940. Et pourtant la Résistance est une grande page de notre histoire contemporaine, de la participation du peuple de France, comme dans de nombreux pays d’Europe, à la victoire contre le fascisme et le nazisme, contre le racisme sous toutes ses formes, qui conduisit à la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie et de ses alliés de Vichy. Cette journée ne sera ni fériée, ni chômée et le gouvernement ne s’est pas empressé de faire connaître aux préfets les dispositions de la loi de juillet 2013 par décret d’application, ce qui fait qu’il n’y aura pas de commémoration officielle dans la plupart des cas. Ceci n’a rien de surprenant quand on sait qu’aussi bien le Medef que les gouvernements successifs n’ont pas ménagé leurs efforts pour vider de son contenu le programme du CNR et particulièrement le social (Sécurité Sociale et retraites) ou encore les privatisations avec l’entrée du capital privé dans les entreprises nationales (SNCF, EDF-GDF, Renault, Air France, les banques nationales). Mais c’est aussi la volonté de gommer le rôle déterminant de la classe ouvrière et particulièrement celui du PCF et de la CGT. Ils n’étaient pas nombreux ceux et celles qui refusèrent l’occupation du pays par l’armée nazie dès 194O alors que Vichy s’enfonçait dans la collaboration. Au péril de leur vie, la déportation, la torture, les fusillades, ils et elles s’engagèrent dans la Résistance, ils et elles étaient tout au plus 240 000 sur 40 millions de Français. Ils et elles français ou étrangers venus de nombreux pays, croyants ou athées, communistes, socialistes, gaullistes, démocrates, syndicalistes. La Résistance s’organise peu à peu et le 27 mai 1943, sous la responsabilité de Jean MOULIN, représentant du Général DE GAULLE, se crée le Conseil National de la Résistance qui fédère tous les mouvements de la Résistance intérieure. La Résistance, ce n’est pas seulement le combat contre l’occupant et les traîtres de Vichy, contre les collabos, c’est aussi par le CNR l’élaboration d’un programme audacieux, démocratique, social, progressiste qui sera mis en œuvre dès la libération. Il aura fallu 9 mois d’âpres discussions pour élaborer ce programme et la participation des forces politiques et syndicales de gauche a été un atout décisif dans sa conclusion. Les principaux axes de ce programme sont d’une portée telle qu’ils étaient inacceptables pour le capital et ses soutiens politiques et particulièrement pour ceux qui s’étaient compromis dans la collaboration avec le régime de Vichy : • Le rétablissement de la démocratie en rendant la parole au peuple • Le rétablissement de toutes les libertés de pensée, de conscience et d’expression de presse • L’instauration de la Sécurité sociale et de la retraite par répartition financée par le travail • L’organisation de l’économie basée sur l’intérêt général affranchie de l’intérêt privé • Le retour à la Nation des grands moyens de production par la nationalisation des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques • Le développement des services publics et les statuts des salariés du privé et du public Depuis plus de 20 ans, les forces du capital et de leurs soutiens n’ont eu de cesse pour le vider de son contenu et la politique actuelle menée en France sous la férule de la troïka (FMI, Banque Centrale Européenne, Commission Européenne), en instaurant l’austérité pour les peuples et les cadeux pour la finance, ne peuvent que conduire au désastre politique des élections de dimanche. Car c’est bien cette politique insupportable pour les peuples, désastreuse pour l’emploi et l’économie, anti sociale et anti démocratique qui désespère et génère l’abstention massive qui fait le lit de l’extrême droite et de la droite la plus réactionnaire auquel la social-démocratie apporte son concours en appliquant les dictats de la troïka. Ce n’est pas le discours affligeant de François Hollande hier soir qui peut rassurer le monde du travail et le peuple. La poursuite de la politique d’austérité est suicidaire, elle n’offre aucune alternative, persister dans l’erreur et nier la réaction du peuple peut conduire au pire. Les luttes d’aujourd’hui contre la casse de la protection sociale et des retraites, contre la baisse du pouvoir d’achat des salariés et des retraités, pour l’emploi sont le prolongement du combat de ceux et celles qui se sont engagés dans la Résistance pour une France de liberté, de progrès social, de paix, de tolérance, de solidarité. Notre présence ici aujourd’hui, c’est l’hommage que nous rendons aux hommes et aux femmes de la Résistance qui ont été l’honneur de la France et qui fit dire à François Mauriac « Seule dans sa masse, la classe ouvrière est restée fidèle à la France profanée ». Cet honneur là nous ne le laisserons pas salir, notre combat d’aujourd’hui c’est celui d’une nouvelle Résistance."