Budget Primitif Région Pays de la Loire - Intervention session du 3 décembre 2022

"Madame la Présidente,

Cher.es collègues

Comme nous l’avions déjà constaté à l’occasion du rapport d’orientations budgétaires, nous nous étonnons du décalage toujours persistant entre l’autosatisfaction dont vous faites preuve dans la présentation de ce budget 2023 et la réalité très préoccupante, à laquelle est confrontée nombre de ligériens, d’entreprises, de salariés, d’artisans.

A tous ceux qui attendent de l'action, la Région doit envoyer un signal clair, à la hauteur du moment.

Et votre majorité ne répond pas présente. En effet, en enlevant les crédits du quartiers du CHU, prévus au CPER, le budget de notre commission diminue de 25%.

Vous avez beau vous auto-satisfaire de votre action économique en vous vantant sans la moindre modestie d’avoir toujours su encourager et valoriser l’innovation, l’attractivité, le budget que vous nous présentez est extrêmement loin des urgences actuelles.

Vous prétendez vouloir accélérer la numérisation de notre économie, et dans le même temps, les autorisations budgétaires dédiées à l’innovation diminuent de 40% (investissement et fonctionnement cumulés). A vrai dire, au milieu de cette ligne innovation, il est impossible de tracer ce qui concerne spécifiquement le numérique. Nous regrettons l’opacité budgétaire dont vous faites preuve.

Vous voulez une région qui exporte, mais le budget dédié à l’internationalisation des entreprises est amputé de plus de 37%.

Vous prétendez enfin agir pour préserver la diversité de notre tissu économique et vous rabotez de 25% les fonds dédiés à ce chapitre.

Vous prétendez que les besoins de notre économie sont, eux aussi, bien moins importants que l’an dernier. C’est faux.

Le soutien doit être maintenu, à minima, pour permettre la relance et contrer ses effets décalés. Oui, il y a de terribles effets encore aujourd’hui. Les remboursements des prêts garantis par l’Etat qui commencent, l’augmentation des dépôts de bilan, le chômage des jeunes qui demeure élevé, les difficultés de recrutement,   les tensions inédites sur l’approvisionnement, la pénurie de matières premières, l’inflation de la facture énergétique… cette année sera critique pour notre économie tant le contexte demeure extrêmement incertain. Ce choix de diminuer des budgets, qui plus est aussi fortement, est donc incompréhensible.

Madame la Présidente, votre vision nous laisse sceptiques, voire inquiets car vous vantez la sobriété budgétaire nous nous n'y voyons que de l’injustice.

Le gouverneur de la Banque de France a affirmé ne pas exclure une « récession limitée » en France et en Europe en 2023, dans un contexte où la plupart des prévisionnistes prévoient plutôt un simple ralentissement de l’activité.

Du côté des entreprises, les défaillances sont déjà une réalité. Les procédures collectives ouvertes auprès des tribunaux de commerce entre le 1er juillet et le 30 septembre ont augmenté de 69% en comparaison avec l'été 2021, un taux jamais observé depuis 25 ans. 

Madame la Présidente, de manière plus générale, puisque nous discutons des orientations économiques de la Région, ce qu’il s’est passé avec la pandémie, ce qu’il se passe avec le conflit en Ukraine, a balayé de nombreuses certitudes. La brutalité, l’ampleur de ce que nous avons vécu a questionné et questionne. La Région doit réinterroger ses dispositifs au prisme de l’égalité, et de la préservation de l’environnement. Quel doit être le sens de nos priorités pour nos entreprises et nos acteurs locaux ?

Car si la Région n’est pas au rendez-vous, je n’ai pas de doute que les plus grandes entreprises n’auront pas de mal à survivre. Mais les plus petits, les TPE PME, les artisans, et même les salariés des grandes entreprises, en bout de chaine sont les premiers à trinquer d’une crise qu’ils n’ont pas décidée et dont, comparé à d’autres, ils n’ont pas profité.

Vous voulez des pistes d’économies ? Regardons la situation des entreprises que nous soutenons, remettons la conditionnalité sociale et écologique des aides aux entreprises, arrêtons de soutenir des franchisés et donc des franchises.

Madame la Présidente, il nous semble nécessaire d’avoir une politique offensive d’accompagnement   de nos entreprises et en particulier des TPE-PME, car c’est in fine soutenir les Ligériens. Dans notre programme, nous proposions un fonds anti-faillite complété par la participation de la place bancaire et de l’épargne citoyenne. Il est temps d’envoyer un signal positif aux acteurs économiques régionaux les plus en difficulté. Il est temps d’adopter un budget plus juste, plus écologique, qui soutient vraiment les Ligériens."