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Le blog de Véronique Mahé

Intervention de Philippe Denis, président du groupe PCF lors de la DM2 (Région Pays de la Loire 12/10/2012)

12 Octobre 2012, 15:32pm

Publié par veronique mahe

2012-10-12 11.47.06

Monsieur le Président, Cher(e)s collègues,

Avec 82 Millions d’Autorisations de programme, 5,3 M€ d’Autorisations d’Engagement, et 8,6 M€ de Crédits de Paiement, cette Décision Modificative marque à nouveau la réelle volonté de notre région, d’agir activement en faveur de l’investissement productif, et de l’emploi, et nous voterons pour.

Nous nous félicitons pour exemple, de l’implantation d’une antenne du Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives, de la poursuite d’implantation d’Alsthom, et de la montée en charge de création d’une nouvelle filière industrielle : l’éolien, ainsi que de la poursuite du déploiement des transports ferroviaires.

  • La mise en place d’un nouveau programme de soutien à 500 projets portés par des TPE portés par les acteurs de proximité et la pousuite de l’aide au déploiement du très haut débit marque la volonté de solidarité envers tous les territoires régionaux
  • Symptomatique également de la volonté régionale d’aider l’ensemble de ses habitants, et notamment les plus fragilisés par la crise, les mesures d’accompagnement des jeunes vers l’emploi, et les dispositifs d’aides aux stagiaires de la formation professionnelle et à la sécurisation des parcours des salariés.

Cela se fait dans une cadre de gestion financière saine, avec une réduction de l’emprunt d’équilibre de 8,8 Millions d’€uros.

Dans son avis (positif) sur cette décision modificative, le CESER relève à juste titre que « la Région montre sa volonté de limiter les conséquences de la crise et de préparer l’avenir », mais qu’elle n’a pas le pouvoir « d’apporter des réponses de fond à cette crise ».

En effet, en cette rentrée, les réductions de postes ou d’intérimaires et plans de charges annoncés en baisse sont le lot commun de nombreuses entreprises. Il serait trop long de toutes les énumérer.

Je m’arrêterai cependant sur 2 d’entre elles :

Ø      Les chantiers STX à Saint Nazaire : nous travaillons tous ensemble actuellement à la diversification de leur activité, notamment avec l’éolien. Mais nous le redisons : Pour nous, diversification ne signifie pas reconversion ! Il est le dernier chantier de construction navale civile de grande capacité. Allons-nous laisser disparaitre ce fleuron industriel et ses compétences ? Pourtant, au-delà des paquebots de croisière, les besoins en construction de navires existent et STX en a les compétences : que ce soit des méthaniers pour GDF-Suez, un bateau poseur d’éolienne pour EDF, ou pour renouveler la flotte des 1500 bateaux détenus par les seuls armateurs français. A cet égard, il est urgent que l’Etat actionnaire intervienne sous toute forme nécessaire, afin de garantir un carnet de commandes au chantier, et de pousser STX à investir. En Loire Atlantique, le « redressement productif » ne pourra se faire sur les décombres de la construction navale !

Ø      Thomson - Technicolor Angers : nous partageons la colère des salariés, non seulement pour leur emploi, mais aussi sur la méthode employée, car, en choisissant la voie judiciaire pour de se débarrasser de son site, Technicolor tente se désengager de ses responsabilités et s'exonérer de ses obligations sociales et financières. Le gouvernement a appelé jeudi soir Technicolor à "prendre ses responsabilités" et "s'engager à financer les mesures sociales d'accompagnement qui seraient nécessaires pour que chaque salarié puisse retrouver au plus vite une solution d'emploi". Il faut l’y contraindre, créer toutes les conditions pour que les 350 salariés retrouvent un emploi correct.

Dans sa dernière lettre, l’Observatoire régional économique et social donne quelques indicateurs démontrant la gravité de la situation actuelle pour la population ligérienne et pour l’activité économique :

Hormis l’aéronautique, avec un plan de charge sur 8 ans, la plupart des indicateurs sont plus qu’inquiétants : sur une année, plus 10% de chômeurs de moins d’un an inscrits (12% chez les jeunes !), et pour les offres d’emplois : moins 22% dans le BTP et moins 11 dans l’industrie…

Dans son analyse, l’Ores démontre aussi que l’austérité n’est pas une solution pour sortir de la crise, mais au contraire nous y enfonce. Puisque la baisse de la demande domestique, et la diminution de construction de logements individuels impactent directement les productions d’habillement et de meubles, et le secteur du bâtiment.

Notre décision modificative tente donc de limiter les dégâts en se tournant résolument vers la relance économique et l’innovation. C’est tout à notre honneur, et cela doit s’accompagner d’outils à tous les niveaux pour sortir du marasme auquel nous conduit le modèle économique financiarisé.

ü    Notre 2° emprunt obligataire a pour ambition d’avoir un effet levier pour que les banques reviennent à un rôle d’investisseur, et non plus de spéculateur de dettes. Cela va dans le bon sens, mais nous avons besoin de beaucoup plus, au niveau national et européen :

A cet égard, la création de la BPI va certes, permettre de débloquer des moyens pour l’investissement utile, mais n’aura pas l’impact de réorientation du système bancaire qu’aurait le Pôle Public Financier que nous réclamons depuis un certain temps maintenant.

Ce pôle serait la mise en réseau des établissements financiers publics et semi-publics, s’inscrivant dans une démarche globale de financement des investissements d’intérêt général, mais œuvrant aussi pour l’inclusion bancaire (accès à tous aux services bancaires), et la sécurisation de l’épargne populaire. Il serait un catalyseur qui pourrait s’étendre aux banques privées, mutualistes et coopératives. Ces dernières se verraient imposer par la loi un pourcentage de crédits au service de l’intérêt général “labélisés” pôle public financier.

À cela s’ajouterait la mise en place de véritables débats et contrôles démocratiques dans des instances composées d’élus, de responsables de banques et d’entreprises, mais aussi d’organisations syndicales et d’associations, afin de garantir la légitimité des choix et des projets et de définir des critères, dont l’emploi est le point de départ.

ü    De même, il faut sortir d’une gestion nationale et européenne sous la coupe des critères inventés par les milieux financiers pour leurs propres intérêts. A cet égard, le TSCG est un mauvais coup contre les peuples et le progrès social, car au lieu de sortir de la crise, il va contribuer à nous y enfoncer, et obérer les possibilités de réorientations. Il est une trahison à la démocratie, y compris dans la façon dont se prépare sa ratification par le gouvernement français.

La spirale de mise sous tutelle des marchés financiers, de nos démocraties, conduit à toujours plus demander à ceux qui ont le moins, et à réduire toutes les dépenses collectives « dites publiques ». Elle fait de l’ensemble des peuples européens des pigeons, plumés toujours plus par des actionnaires et banquiers vautours.

Ainsi, tous les services publics, et les leviers d’action publique devraient être soumis à l'interdiction dogmatique du déficit et du déséquilibre budgétaire. Cela revient à condamner cette forme d'endettement utile qu'est l'investissement public. Car celui-ci est un moteur de croissance, de création de richesses et d'emplois. Limiter le recours à ce levier de l'action publique, c'est tourner le dos aux générations futures pour garantir les intérêts des rentiers d'aujourd'hui.

A cet égard, l’annonce du gel en 2013 et de la diminution des dotations aux collectivités de 2,25 Milliards sur 3 années n’est pas une bonne nouvelle.

Qui plus est, c’est injuste et économiquement néfaste :

Faut-il rappeler ici, que les Collectivités Territoriales pèsent pour 5% de la dette publique totale, et que cette « dette » est en fait de l’emprunt pour investir pour l’avenir ?

Faut-il rappeler que ce vingtième de dette publique permet à ces mêmes collectivités d’engager 75% des investissements publics ?

Selon nous, il est urgent de revoir plutôt les dotations à la hausse et à la hauteur des compétences transférées. Il est urgent de mettre en place une grande réforme de justice fiscale. Il est urgent de dégager de nouvelles recettes dynamiques, notamment pour les régions.

ü    Enfin, nous aspirons comme beaucoup d’élus locaux à une vraie réforme marquant une avancée de la démocratie et de la libre administration. A cet égard, nous réitérons l’importance qu’il faut accorder aux échelons démocratiques de notre pays et notre refus de toute forme de mise en concurrence entre structures ou territoires. En tout cas, il semble difficile, dans les conditions budgétaires connues à ce jour de prendre en charge de nouvelles compétences, sans moyens dédiés.

Là aussi, le dogme de la réduction des frais de fonctionnement, qui peut sembler séduisant, ne doit pas amener à pressurer encore d’avantage le personnel ou à réduire nos missions de service public.

Je vous remercie de votre attention.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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